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Le Comité des affaires sociales
de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec
Message du 1er mai 2012 | PDF | CARTE
« Le travail est avant tout « pour l’homme » et non l’homme [la femme]
pour le travail »
Jean-Paul II, Le travail humain, no 6, 1981
En ce 1er mai 2012, fête internationale des travailleurs et travailleuses, le Comité des affaires sociales de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec s'adresse à vous qui souffrez de certains aspects difficiles du travail, vous qui êtes encore très nombreux: jeunes, femmes, travailleurs migrants, travailleurs sans emploi, accidentés du travail. Nous nous adressons aussi à ceux et celles, qui, comme nous, sont préoccupés et touchés par votre situation.
Il y a quelques décennies, on prédisait l'ère des loisirs. Cependant, encore aujourd’hui, pour une large part de la population du Québec, le travail occupe une moyenne de 40 heures semaine. Peut-on dire que les travailleurs sont satisfaits de leur emploi? Dans quelle mesure leur permet-il de se réaliser, de rendre service à la communauté humaine, de concilier famille et travail, de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille?
Des statistiques de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) en disent long : le taux de chômage au Québec est de 8,4% (jan 2012). La Commission Sécurité Santé au Travail (CSST) affirme qu’un jour sur quatre, un Québécois perd la vie au travail. 30% des travailleurs ont un emploi de faible qualité en matière de rémunération, d’heures travaillées, de stabilité, de qualification ou de surqualification. D’autres continuent d’en arracher entre autres dans les secteurs de l’hébergement, de la restauration et du commerce au détail.
Une enquête en cours1 auprès des travailleurs arrive aux mêmes conclusions : manque de reconnaissance de leurs compétences, surcharge de travail, non–autonomie et manque de soutien. Quelques témoignages des travailleurs et travailleuses2 le confirment. En voici quelques-uns :
Marc 21 ans : «Je suis diplômé en informatique, je fais surtout des photocopies.»
Christian 22 ans : «Avec mon diplôme d’ingénieur civil, je trouve difficilement un emploi».
Suzanne 24 ans : «J’avais choisi de travailler dans la santé pour être près des personnes, mais avec ma tâche, je n’ai pas assez de temps pour les relations humaines.»
Pierre 23 ans : « Avec la clause orphelin dans les nouvelles conventions collectives et la diminution du salaire de base des nouveaux arrivants, nous les jeunes, nous entrons au travail avec un salaire inférieur.»
Akli 40 ans, migrant : « Malgré mes études en médecine, je me retrouve chauffeur de taxi.»
Elisa 36 ans, migrante : «Je suis sur appel pour l’entretien ménager dans un hôtel. Dans mon pays, je travaillais à la comptabilité.»
Pierrette 38 ans : « Je suis retournée sur le marché du travail comme vendeuse, les soirées et les fins de semaine. Je n’ai pas beaucoup de temps avec la famille.»
Luc 21 ans : «J’en suis à mon 8e emploi dans les dépanneurs et les restaurants, je suis facilement «jetable». Je n’ai pu terminer mes études au cégep car il faut bien que je survive!»
Huguette 45 ans : « On vient de nous annoncer la fermeture de notre entreprise. Sans nous consulter. Quelle déception après tant d’années de travail !»
Certes, on ne peut pas supprimer certains aspects difficiles du travail, mais on doit mettre en place les éléments indispensables pour donner le goût et le sens du travail. Déjà la technologie favorise une meilleure qualité du travail mais il y a encore place à l’amélioration.
Toutes les théories sur le sens du travail humain éclairent et ont leur pertinence. Cependant, pour qu’elles soient crédibles, des changements sont nécessaires et ils ne viendront pas par magie. Ils demandent l’implication de tous dans les différents secteurs de la société où chacun, chacune avons notre mot à dire et des responsabilités à assumer pour faire en sorte que le nombre des mal aimés du travail s’amenuise.
Parce que Jésus Christ a inauguré des relations marquées par la plénitude de l’amour; et parce que le vrai bien humain peut et doit se déployer partout, y compris au travai3, nous privilégions trois chantiers. En premier lieu, nous mettons l’accent sur une solide formation: continuons à mettre fin au décrochage scolaire des adolescents par une pédagogie adaptée, des motivations et des programmes conduisant au marché du travail. Favorisons l’accessibilité aux études postsecondaires des jeunes des familles appauvries. Encourageons le retour aux études de ceux et de celles qui ont quitté prématurément.
Deuxièmement, l’accueil en milieu de travail devra être davantage soigné et promu. Comment accueillons-nous les nouveaux au travail, qu’ils soient jeunes migrants, femmes qui font un retour à l’emploi? Faisons-nous appel à leurs talents, leur compétence? Respectons-nous leur insécurité? Tentons-nous de les intimider? Soulignons ici, la déclaration de l’Union des Producteurs Agricoles (UPA) : «Il faut reconnaître la compétence des travailleurs agricoles migrants».
Le troisième chantier consiste à rechercher et à développer des conditions de travail plus décentes : comment sont respectées les normes du travail? Plusieurs s’accordent à dire que le salaire minimum actuel laisse au seuil de la pauvreté et ne permet aucun projet d’avenir. Que dire aussi du droit à la syndicalisation sournoisement menacé par certains employeurs, sans oublier la négociation au rabais des conventions collectives et la délocalisation des entreprises vers les autres pays.
Nous souhaitons que votre situation s’améliore. Nous voulons y contribuer pour que tous et toutes aient un travail décent. Si tous s’y mettent pour enlever les irritants, on pourrait arriver à un mieux-être des travailleurs : reconnaître leur utilité, leur donner le goût d’apprendre, valoriser les attitudes morales et améliorer la qualité de l’accueil et des relations humaines dans le milieu, de même que les conditions de travail en général. Il serait possible alors pour les jeunes d’avoir des projets d’avenir et de favoriser vraiment la conciliation famille travail.
Enfin, au moment où un manque de main-d’œuvre risque de se faire sentir dans certains domaines au Québec, ne risquons pas de nous priver des forces vives d’une relève imaginative, créative et compétente.
Comité des affaires sociales
Mgr Jean Gagnon, président, Mgr Pierre-André Fournier, Mgr Paul Lortie, Mme Bernadette Dubuc, Mme Élisa Fernandez, sfa, M. Michel Forget, ptre, Mme Denise Martel et Mme Louise Royer
[1] Morin, Estelle, CRITEOS Centre de recherche et d’intervention pour le travail, l’efficacité organisationnelle et la santé, HEC Montréal.
[2] Les prénoms ont été changés. Faits recueillis par la JOC Jeunesse Ouvrière Chrétienne et le MTC Mouvement des Travailleurs Chrétiens.
[3] Voir Benoît XVI, L’amour dans la vérité, 2009, no 36d; et discours du 16 mai 2011
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