Souffle.ca
Couleurs de saison

Vous êtes ici: Accueil > Récits de vie
Retour à la page d'accueil
Retour à la section Récits de vie


Pérou : université de la vie
Récits de vie
7 octobre 2011

Version imprimable  Version imprimable

par Samuel Bergeron

Poids du vidéo : 11,3 Mo
Pour démarrer la vidéo, appuyer sur Play.


La foi

J’avais des préjugés envers la Bible. L’Ancien Testament, le nom dit tout… un vieux livre pas très attirant à l’ère moderne. Et le Nouveau répète une histoire qu’on me racontait au primaire dans mes cours de catéchèse. À quoi bon s’intéresser à la Bible après tout, je ne trouverai certainement pas la foi dans un livre, c’est pour ça que je suis parti à la poursuite d’êtres humains. Parce que si un personnage mort dont on relatait les péripéties dans la Bible ne m’appelait pas tant, le tiers de la planète, encore vivant lui, m’attirait avec une force qui m’a amené dans le projet Pérou avec la communauté du Désert.

Je n’aimais pas les livres, pas plus que la Bible. Le livre est mort. Je cherche la vie. Toujours la vie qui m’attire. Comme un enfant, il faut qu’on capte mon attention sinon je pars dans un monde bien plus lointain que la lune. Mais un jour, j’ai compris qu’un mot pouvait vivre. Un prof de français un peu zélé nous répétait comment les poèmes de Gaston Miron étaient extraordinaires. Comment Gaston Miron lui-même avait été important au Québec. Ce prof le disait avec une telle intensité qu’il se mettait à gesticuler, à s’exprimer toujours plus fort avec des mots qui captaient mon attention. Et j’ai lu. Et j’ai compris qu’un poète ou qu’un poème pouvait être intéressant, mais surtout inspirant. Les mots peuvent évoquer plus que de l’encre sur du papier. Si ce n’avait pas été de l’obsession de cet enseignant, je n’aurais jamais compris. En fin de compte, ce qu’il nous enseignait, c’est la façon dont lui, il pouvait être touché par les mots. Ça m’a touché aussi.

Le même phénomène s’est produit avec la Bible. Il n’a pas fallu que la Bible me soit présentée directement, j’ai du voir ce que ça donne de lire la Bible, le résultat. Je l’ai vu à Victoriaville, à la communauté du Désert, où des gens partagent des valeurs qui me rejoignent. Le partage. La générosité. Le respect. Et surtout des gens qui ont mis sur pied un projet pour les jeunes (pour moi!) et pour des Péruviens abandonnés. Pour moi, le projet Pérou reflète mieux que toute autre chose l’âme de la communauté. Les efforts, le temps, l’argent et la passion déployés par les membres sont impressionnants. On ose me raconter que c’est la Bible qui inspire tout ça? Merveilleux.

Justement, le thème de l’année pastorale à Iquitos est « médite la Bible et rencontre Dieu ». Je reste un peu sceptique. Mais il faut dire que celui qui me livrait ce message avait une manière bien singulière de le faire, sans aucune sympathie et encore moins de sourires. C’était probablement une brebis égarée parmi le bon troupeau que j’ai retrouvé à la paroisse San Martin de Porres. J’ai assisté à la messe d’un prêtre étranger : Raymundo. Au commencement de la messe, il entre en tenant très haut dans ses mains un livre.

Cette messe allait être différente, car ce n’était pas des propos du prêtre que j’entendais, mais des mots de la Bible. Et ces mots sonnaient bien à mes oreilles. Ils étaient forts, puissants, inspirants. Un peu comme les mots de Miron que j’avais fini par apprécier.

J’ai compris pourquoi Raymundo tenait la Bible bien haut. Il ne voulait pas qu’on porte attention à lui, il voulait qu’on regarde la Bible. Cette fois, j’ai été convaincu qu’il y avait vraiment quelque chose d’inspirant dans la Bible. Raymundo m’impressionne. Il est assez jeune et il a choisi de livrer ce message de la Bible qui l’a visiblement transformé. En plus, il est médecin, donne de son temps pour les malades du sida, pour les drogués, pour les sans-abri et pour les personnes âgées. Il parle sur un ton juste. Sans devenir moralisateur arrogant ou pire culpabilisateur, il a trouvé une manière juste de nous inviter à choisir le même chemin que lui.

Son message fonctionne à en voir les gens debout qui se pilent presque sur les pieds pour l’écouter!

Alors, je me penche sur cette histoire dans la Bible. Un homme qui passe sa vie à faire le bien, condamné, mort sur la croix et ressuscité finalement 3 jours plus tard. Cette histoire que je connais depuis presque toujours m’a enfin frappé là où elle devait frapper : la « tinque à gaz » de la foi, aussi surnommé le cœur.

Jésus pouvait-il être dans un état plus pénible que celui de la mort? Pourtant, il est sorti de cet état plutôt inanimé et est revenu à la vie. Pour être inspirant, c’est réussi! Ça me rappelle que malgré une misère intense, il est encore possible de s’en sortir avec la foi. La foi première qui m’habite c’est la foi en la Vie. J’ai aussi foi en l’Humanité, en Dieu, en l’Amour.

Cette foi je la connais, mais j’ai encore du mal à l’expliquer. À la fin de mon projet, j’ai eu la chance d’écouter Yvan me raconter un atelier de Gérard sur l’enseignement de la foi. Il est important de demander « qu’est-ce que tu penses de ma foi? », « et toi, as-tu la foi? ». Il est important de laisser une certaine liberté, une ouverture à celui qui apprend (c’est moi ça!).

C’est sûrement ça qui m’a le plus fait grandir. Avec la communauté du Désert, j’ai senti la liberté de croyance que j’avais et la liberté pour vivre ma foi. Moi, je sens que ma foi a du sens quand je m’implique auprès de personnes plus démunies ou malades, comme celles que j’ai visitées au Pérou. Je vis en grande partie ma foi dans la solidarité avec les autres.

La vie

Deux mois en formation intensive, cinq mois dans un pays d’Amérique du Sud. Comment ai-je vécu mon projet Pérou?

La formation a été l’occasion de me poser des questions, de répondre à des questions, de découvrir de nouvelles perspectives de la vie.

La vie péruvienne a été assez transformante. J’ai eu le temps de m’adapter au milieu où j’étais pour ensuite profiter plus de la vie là-bas. Après un certain temps, je ne me sentais plus en voyage, mais je me sentais en train de vivre au Pérou. C’est important parce que ça enlève un peu l’émerveillement du voyage ou ça défait le monde magique dans lequel on se trouve et ça nous remet terre-à-terre sans être pour autant désagréable. Au contraire, quoi demander de mieux que de se sentir chez soi?

La petite routine des visites de la Casa Hogar (maison pour sidéens), de l’asilo de los ancianos (maison pour personnes âgées) et du Crémi (centre de traitement de la maladie mentale) devient vite agréable. Le premier contact n’a pas été si facile par contre.

La Casa Hogar
C’est plutôt surprenant de se retrouver avec des gens alités, alimentés au soluté dans un environnement où la mort est sujet courant. La première journée, je me demandais si j’allais être vraiment utile pour les gens atteints du sida. Ils avaient plus l’air d’avoir besoin de repos et de médicaments, pas d’un gringo (étranger) qui vient les déranger. Mais j’ai vite été interpellé par l’un d’eux : Raúl. Il avait l’air vraiment mal en point. Il ne pouvait pas se lever de son lit. Il parlait avec difficulté aussi. Par-dessus tout, il était un tantinet agressif par moment. C’est le premier qui m’a demandé de l’aider à se lever. Ce n’était pas évident, car il était mou comme une poupée et pesait comme un vrai homme devrait peser. Une fois en position assise, je devais le supporter sous son épaule pour ne pas qu’il tombe. Après, il a voulu essayer de se tenir seul. Tranquillement, il est retombé couché. Dans son visage, j’ai vu la frustration d’un homme qui ne pouvait plus se maintenir ni même assis. Il a dit en espagnol « je ne peux plus [me lever] ».

C’était quelque chose de supporter Raúl comme ça. J’étais son seul support. Du coup, j’ai trouvé ma place. Je remplissais mon rôle à merveille, mais en même temps, j’étais avec quelqu’un de vraiment mal en point qui s’était résigné. Ça paraît triste à première vue, mais quelle leçon d’humilité! Il a accepté son état. Même si ce n’était pas facile, il a admis ne plus être en mesure de se tenir assis et il m’a redemandé mon aide. Une fois assis dignement de nouveau, il était soulagé. Comme si une fois rendu là, le fait de ne pas être capable de s’asseoir ne lui importait plus vraiment, tout ce qu’il voulait c’était d’être assis. Pour lui, c’était beaucoup moins frustrant d’être avec moi qui l’aidais qu’être seul à lutter contre son état.

D’autres patients étaient beaucoup plus en forme et pouvaient faire de l’origami, un d’eux faisait même sa course d’une dizaine de minutes quotidienne. J’ai passé beaucoup de temps à jouer aux dames, aux cartes ou au Ludo (une sorte de toc). J’ai reçu de nombreux remerciements pour ce temps de distraction. Pour des gens confinés à leur petite maison de traitement, la visite de notre groupe valait cher.

J’ai développé de bons liens avec eux. Beaucoup de ce que j’ai appris sur le Pérou m’a été enseigné par les patients de la Casa Hogar. On développait une certaine amitié. J’ai eu amplement de temps pour écouter parler de maladie ou de mort. C’est un thème qu’ils abordent avec beaucoup de sérénité. La plupart sont remplis d’espoir. Remplis de foi aussi, qui les garde fort moralement.

Dans les moments les plus difficiles, ils m’ont témoigné leur joie de recevoir ma visite et c’est ce que je retiens. À chaque visite, j’avais l’impression d’offrir un cadeau et ça faisait du bien de pouvoir offrir un cadeau aussi facilement.

Le Crémi
Le Crémi ressemble à une prison parce que les patients sont enfermés dans des dortoirs fermés par une grille. Toutes sortes d’odeurs désagréables émanent de ces dortoirs, ce qui au premier abord n’est pas très invitant. Par contre, les patients nous ont tout de suite adoptés, nous accueillant avec de gros câlins, une grosse boule d’affection. Il y avait toute sorte de maladies mentales : des plus apparentes aux plus discrètes.

Au Crémi, c’était l’occasion de s’amuser un peu plus. On riait beaucoup parce que les activités d’arts, d’agriculture ou de sport étaient très animées. Bien souvent, on avait le droit à quelques chansons d’un des patients.

Là-bas, j’ai appris à apprivoiser les gens que je visitais. Je prends l’exemple de Junior, un patient très renfermé sur lui-même, dans une bulle particulière. Il parle très peu et n’échange pas beaucoup avec les autres. Chaque fois, je le saluais même s’il ne me répondait pas. Il participait à nos activités, mais de manière très renfermée. Un jour, il crie mon nom « SAMUEL! » et il me pose une question. Surpris, j’ai entrepris une conversation avec lui. Puis, à partir de ce jour, de temps en temps, on pouvait se parler. La plupart du temps, c’était lui qui entreprenait la conversation parce qu’il avait quand même ses périodes de « bulle ». C’était une petite victoire d’avoir obtenu la confiance de Junior. La même chose s’est produite avec Carlitos. Lui, par exemple, il ne parlait pas. Il ne nous donnait pas la main. Puis après un temps, c’est lui qui nous donnait la main, même pas besoin de lui tendre la main!

Il y a bien d’autres exemples, mais chaque fois il fallait prendre du temps pour cerner le caractère du patient et l’approcher délicatement en respectant les limites qu’il nous imposait.

L’Asilo de los ancianos
Chez les personnes âgées, le temps passait vite. Jamais je ne pouvais tous les visiter parce qu’ils parlaient trop longtemps. La visite se fait rare dans cette maison de retraite. Mon rôle, c’était presque de les adopter comme mes propres grands-parents. Si j’aidais à servir les repas, je passais la majeure partie de mon temps à discuter de tout et de rien.

Belmira, une résidente, se plaignait souvent, disant qu’elle voulait sortir, qu’elle n’avait rien à faire, que les résidents de la maison étaient méchants, etc. Je continuais à la visiter régulièrement. Elle m’appelait « gringito », un surnom affectueux pour dire l’étranger. Très vite, elle a commencé à me demander quand j’allais partir et si j’allais revenir. Faute de mémoire, la question revenait chaque fois que je la visitais.

Jamais, elle ne m’a témoigné de sa joie de me voir ou quoi que ce soit, son caractère grincheux était trop fort, mais chaque fois qu’elle me demandait si j’allais partir, je comprenais bien ce que ça voulait dire au fond… C’est qu’elle n’avait pas hâte que je parte. Je garde un souvenir particulier de cette Belmira très attachante malgré son humeur maussade!

Chez les aînés, il y avait un gros problème de cécité dû au manque de soins pour le glaucome ou la cataracte. Je guidais souvent un couple d’aveugles avant et après les repas vers la table. Mais c’est un jour, alors qu’un autre marchait avec une canne dans la mauvaise direction que j’ai réalisé ce que je faisais avec eux : je leur donnais la vue.

Ce n’est pas n’importe quoi quand on y pense : donner la vue à un aveugle! Je croyais que ce pouvoir était réservé à ceux qui font des miracles… Mais il faut croire que non! Car je ne fais pas de miracle, mais grâce à moi Pedro a pu « retrouver la vue » d’une certaine manière pour se déplacer sans crainte de tomber, ni sans souci de savoir où il se trouvait. Il pouvait marcher en toute confiance.

Puis il y avait un couple octogénaire, Cesar (Taratcho pour les amis) et Maria Antonia, qui demeurait encore ensemble, ceux-là encore bien en forme malgré leur âge. Ils élevaient des poules et cultivaient quelques arbres fruitiers et de la canne à sucre sur le terrain de la maison. Cesar connaissait aussi bien l’art de parler que l’art de cultiver. Il soufflait aussi avec passion dans son harmonica pour se détendre à la fin de ses journées de travail. Il m’a confié que son secret pour être en santé, c’est le travail.

Il s’assoyait, sa femme à ses côtés, muette, mais souriante et moi devant eux qui écoutais attentivement. Il me parlait de sa vie, de ses enfants et il me conseillait. Il savait que j’allais parler de lui de retour chez moi. Et il en était fier, juste ça le motivait à me parler plus! C’était un privilège de parler avec lui. C’est comme si je découvrais une partie du patrimoine vivant péruvien. Il m’a donné le goût d’élever des poules. C’est si simple qu’il m’a tout expliqué. Il ne me reste plus qu’à essayer!

Transmettre sa langue
J’adore l’espagnol, c’est une langue facile ponctuée d’intonations qui lui donnent l’allure d’une chanson, mais le français reste ma langue maternelle et j’y suis attaché. C’est pour ça que j’ai voulu l’enseigner. J’ai donc offert des cours gratuits avec Coralie aux jeunes du quartier.

Le premier défi a été de trouver un groupe fixe parce que nos élèves n’étaient pas très assidus… Après un bon ménage, on a gardé trois élèves! C’était parfait pour développer une belle relation avec eux. C’était touchant de voir ces étudiants mettre autant d’effort pour apprendre ma langue. Chaque semaine, c’était un moment que j’appréciais particulièrement. Peut-être qu’il me rapprochait des terres lointaines de mon pays… En tout cas, ça m’a rappelé les complexités de la langue française!

Les cours de français m’ont permis de regarder Québec sous un autre angle. Est-ce que je connais bien les auteurs québécois? Est-ce que je connais bien la musique québécoise? Pas tant que ça… Pourtant depuis quelques années je me suis déjà précipité à la porte du monde pour y trouver d’autres choses. Je suis partie découvrir d’autres cultures et d’autres langues. Bien que je ne regrette rien de ça, je sais aujourd’hui que j’ai une mine d’or à découvrir à deux pas de chez moi.

Dans la cuisine et chez le chinois
J’ai choisi de consacrer ma demi-journée de libre avec Denisa, la cuisinière, pour apprendre la cuisine péruvienne. Chaque lundi matin, c’était les courses au marché de Belen. Rien à voir avec le IGA, là-bas chacun tient son kiosque et vend tout ce qu’il a de plus frais : fruits, légumes, viandes, poissons, etc. C’est un milieu fascinant! Ça grouille dès 6 heures le matin. Il y a le boucher qui crie pour vanter sa viande la plus tendre. Plus loin, il y a une vieille dame qui vend quelques papayes. Ailleurs, c’est la section des herbes médicinales où tous promettent des effets miraculeux pour tous leurs produits. On y vend même dans les parties moins recommandées du marché des singes, des tortues et des oiseaux tropicaux. Malgré que le quartier soit situé dans la partie la plus pauvre d’Iquitos, c’est là-bas qu’on peut vraiment constater la richesse de l’Amazonie.

En effet, il y a d’innombrables variétés de fruits et légumes qui m’étaient inconnus avant (l’aguaje, le zapote, le cocona, la guava, la sacha papa…). Il s’agit là d’une richesse qu’Aurélio Tang, un professeur de philosophie à la retraite, sait valoriser. Ses critiques sont dures envers l’administration péruvienne et la population péruvienne en général, mais son discours est porteur d’espoir.

Ces richesses agroalimentaires de l’Amazonie péruvienne tendent à être dévalorisées au profit de produits importés d’autres endroits du Pérou ou même de l’étranger. Après avoir goûté à la cuisine de Denisa, on reste convaincu que la tradition ne doit pas être perdue parce que c’est BON! Mais Tang va encore plus loin. Il se demande d’ailleurs pourquoi il se vend plus de marmelade de fraise que de marmelade de papaye, alors que les fraises ne poussent pas chez lui!

Il m’a enseigné une foule de techniques pour valoriser les produits de l’Amazonie, en m’expliquant comment et pourquoi il fallait continuer à garder ces traditions. J’aime bien ce qu’il me dit et plus il parle, plus j’entends son discours comme s’il s’adressait aux Québécois.

Comment se fait-il que je n’aie jamais fait de jus de pomme en automne? Comment se fait-il que je voie de moins en moins la provenance de ce que je mange? Tout arrive déjà transformé… congelé, en conserve, en boîte, en sachet… Je n’ai plus l’occasion d’inventer ni de travailler pour m’alimenter; quelqu’un d’autre choisit pour moi. Mais qui est ce quelqu’un?

Aurelio m’a donné le goût de cuisiner comme geste politique. J’ai le goût de choisir ce que je mange : des aliments frais, qui proviennent de chez moi, issus d’une agriculture biologique.

Le retour

Il faut bien revenir chez soi un jour… Avec un nouveau regard sur son pays. Pour ma part, je suis rendu à Montréal et je croise des centaines de personnes chaque jour en allant à l’université. Ça m’a inspiré ce petit texte à la fin…

J’ai, depuis mon retour, une chose qui me tracasse sans cesse. C’est la terre. Ce sont les champs qu’on industrialise, qu’on met à l’épreuve de la machine pour surproduire. Ce sont les fleurs qu’on ne peut plus laisser respirer, parce qu’elles doivent pousser au plus vite pour qu’on les récolte. Ce sont les granges abandonnées par les familles de la campagne, rachetées pour devenir des usines à grain.

En fait, je m’intéresse à l’agriculture depuis bien avant le Pérou. Mais depuis mon retour, je repense plus sérieusement à faire pousser mes propres semences. Mais je suis conscient de n’avoir aucune connaissance en la matière. Je sais aussi que l’agriculture, même à petite échelle n’est plus comme autrefois. Ça prend quand même des tracteurs, un plan d’affaires et beaucoup de courage. J’ai du mal à m’imaginer sur un tracteur un jour, mais en même temps pourquoi pas? Pourquoi ces petits producteurs québécois sont en disparition? Et pourquoi moi je n’irais pas prendre la relève de ce que je ne veux pas voir disparaître?

Ce n’est pas ça qui va me faire lâcher mon bacc en études internationales parce que ça m’intéresse aussi… Mais je cherche peut-être à rassembler les deux? En même temps, je ne me suis jamais considéré comme un manuel, mais je doute être un intellectuel. J’imagine que je peux me situer entre les deux… Je cherche où il est ce milieu!


Services diocésains de Nicolet, 49, rue Mgr-Brunault, porte A, Nicolet, Qc, J3T 1X7  Tél. : (819) 293-6871   Téléc. : (819) 293-8376
© 2003-2013 CECR Nicolet. Tous droits réservés.