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Journal tenu entre les 02 et 22 août
2011 concernant le tableau

« Saint-Jean-Baptiste, image de tendresse en son cousin, Jésus le Christ »
Récits de vie
1er septembre 2011

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par Soeur Jeanne Vanasse
recopié de notes de correspondance qui me tenaient lieu de Journal
le 27 août 2011

Lors de la fête de reconnaissance et d'au revoir à Mgr St-Gelais qui a eu lieu le 31 août dernier, Soeur Jeanne Vanasse a remis à Mgr St-Gelais, au nom des diocésaines et des diocésains, une oeuvre qu'elle a peint spécialement pour lui représentant Saint-Jean-Baptiste. Elle nous partage ici son journal de bord tenu pendant la création de cette oeuvre unique.

Les  02 et 03 août, 13 études et croquis au stylo-feutre à calligraphie pour le tableau Jean-Baptiste.

10 août : ...ce soir, je commence ma peinture de Jean-Baptiste. Je sais au moins comment démarrer le travail à partir de mes croquis. Deux champs : HAUT, surface 2/3 mélange de bleu cobalt ultramarine et ceruleum; BAS, surface 1/3 brun composition des 3 bleus, plus noir d’ivoire et noir de mars, plus terre d’ombre naturelle. Le personnage esquissé à grands traits.  .....alternance d’enthousiasme et de doute.  Normal....

12 août : Le travail avance mais ça ne paraîtrait pas pour quelqu’un qui l’aurait vu hier.

13 août : Une colombe s’est peinte toute seule, venue d’un nuage qui n’en n’avait pas l’air avant l’amorce de l’oiseau. Comme quoi, c’est le cerveau qui décide qu’il y a un nuage. Il me reste à enlever le cerne autour des yeux du personnage, à peaufiner les épaules, le torse et le bras droit levé comme pour baptiser ou je ne sais quoi encore. La colombe n’était pas dans le programme au début. Commencé à éclairer le visage de Jean....

La surface brune du début a disparu aujourd’hui pour laisser place à une couleur approchant les multiples reflets du désert. J’hésite à placer Jean dans le fleuve ou sur le bord du Jourdain.

Le beige rosé est composé du mélange de toutes les couleurs déjà employées; ce choix unifie l’éclairage général du tableau. Le tout mélangé à un blanc lumineux.

14 août : Ce matin, en entrant dans l’atelier, j’ai eu toute une surprise. Sans l’avoir cherché, j’ai découvert le Christ vu de profil dans la moitié du visage de Jean (droite pour le spectateur). Au début, j’avais projeté peindre un Jésus venant de loin se dirigeant vers le Baptiste. En cours d’exécution, à mon grand regret, je n’avais plus de place pour cette option. Grande joie d’apercevoir ce Jésus ce matin. Son visage s’impose de plus en plus.
Imprévisible d’abord, j’ai profité de cette surprise pour accentuer la ligne de lumière séparant en deux, le visage de Jean.

15 août : J’ai travaillé pas mal pour un jour de fête communautaire. Le plus difficile est fait. Ce p.m., je travaille l’index et le majeur de la main et j’élargis le torse de Jean-Baptiste. Il est plus difficile de respecter les proportions sur un torse à moitié habillé que sur un torse nu.

17 août : Mon saint Jean-B. est pour le moment encore dans le sable du désert ou le bord du Jourdain; je ne sais si on verra de l’eau. Jean porte une peau de chameau en bandoulière. De quoi avoir chaud.
Mes pinceaux sont un peu rebelles aujourd’hui. Leurs soies n’aiment peut-être pas la fourrure du Baptiste. Je peine sur le petit doigt et l’annulaire de mon personnage. Une question de lumière mal placée.
soir : J’ai finalement opté pour des vagues semblables à celles peintes dans mon polyptique
au baptistère de la Cathédrale de Nicolet. Par ce moyen, je ne perds pas l’allusion au désert et j’y ajoute celle de l’eau dans les couleurs des bleus et des blancs.

22 août : Je ne fais que de rares retouches, suite à une réflexion obligée entre d’autres activités liées à mon travail de peintre. Je peaufine un détail ici ou là. Le tableau ne sera jamais terminé par moi, aussi longtemps qu’il restera dans l’atelier. Comme dit un peintre: « Il faut à un moment donné avoir l’humilité de signer ».

25 août : Ce matin, j’ai découvert derrière la colombe, la nuée qui au dire des trois synoptiques, s’est déchirée quand Jésus est remonté du Jourdain. La lumière sort en effet et se matérialise dans une « forme corporelle », celle d’une colombe.
La lumière se répand sur l’épaule ronde du Baptiste.

p.s. 27 août : Un tableau poursuit sa propre vie; il appartient désormais à l’oeil qui s’arrête devant lui.


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