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Un autre Noël au CHSLD
Récits de vie
8 janvier 2010

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par Marijke Desmet

Ça fait maintenant plusieurs années que je passe un bout de la journée de Noël au centre d’hébergement et de soins de longue durée où vit mon père atteint de la maladie d’Alzheimer. Ce n’est jamais une visite banale. Cette année, elle m’aura interpellée d’une façon particulière.

J’étais donc là, accompagnée d’un autre membre de ma famille, et nous faisions souper papa. Évidemment, nous n’étions pas seuls; d’autres résidents, d’autres familles, des préposés, tout ce beau monde formait une tablée de Noël plutôt hétéroclite et, il faut bien le dire, un peu différente de ce qu’on souhaiterait dans l’idéal. C’est vrai que ce n’est pas évident de se retrouver parmi des personnes malades, qui ont besoin d’aide pour manger, dans une ambiance qui malgré bien des efforts ne peut effacer la réalité de « l’hôpital ». Au cours du repas, je me rends compte que la personne qui m’accompagnait regarde autour d’elle avec des yeux tristes. Elle me dit : « Je ne sais pas ce qu’il (mon père) dirait de tout ça s’il était conscient... »

Cette réflexion est venue me toucher. Mon premier réflexe a été de me dire qu’en effet, c’est une bonne chose que papa n’ait pas vraiment conscience (mais peut-on en être sûr?) de ce qui l’entoure. Puis, tout à coup, m’est remonté un souvenir qui date déjà de bien des années. Le 24 décembre de cette année-là, nous avions décidé comme famille d’aller chanter à la messe de Noël présidée par un ami, justement dans un CHSLD. Nous n’étions pas encore familiers avec ce milieu, mais la soirée s’était bien passée. Après la messe, nous étions restés pour le réveillon, nous avions aidé au service, nous avions fait encore un peu de musique. Et je me suis souvenue particulièrement de l’attitude de mon père ce soir-là : il s’était approché d’un monsieur qui, ne pouvant plus s’asseoir, était couché sur une civière. Avec ce qui m’avait semblé beaucoup de patience et surtout beaucoup de compassion, papa l’avait aidé à manger, avait parlé avec lui, je pense même qu’il avait chanté avec lui...

Cette image de mon père au chevet de cet homme sur une civière la veille de Noël 1982 m’est donc revenue en ce Noël 2009. Et j’ai su alors quoi répondre à la personne qui m’avait demandé comment papa réagirait s’il avait conscience du milieu dans lequel il est aujourd’hui : « Peut-être pourrait-il encore, comme il l’avait si bien fait, porter ce regard de tendresse et de compassion qui fait voir la personne au-delà de la maladie... »

Dans les situations de détresse, de maladie, de peine, le regard peut se paralyser à la vue de la misère, et il peut aussi s’ouvrir à la tendresse et à la relation. Voilà l’invitation que je retiens de ce Noël 2009.

Aux bergers, aux mages, à Marie et à Joseph qui ont pu, eux, voir plus que la misère d’un petit enfant né dans une étable, qui ont osé y voir un grand mystère d’amour, je demande de venir éclairer nos regards parfois paralysés par la peur et la tristesse, et de nous ouvrir à la Vie toujours présente.

Pour aller plus loin...

Ce texte fait écho à celui rédigé par Marijke il y a 4 années, qui s’intitulait « Un Noël aux couleurs de Pâques ».


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