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Un Noël aux couleurs de Pâques
Récits de vie
16 avril 2006

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par Marijke Desmet

C’était Noël et je me préparais à aller le voir au CHSLD. Comme chaque fois, j’étais déchirée à l’idée de lui rendre visite. C’est qu’il s’agit de mon père… C’est tellement difficile de le voir comme ça. Depuis plus de dix ans, il est atteint de la maladie d’Alzheimer. Sa vie s’en va peu à peu. D’abord des petits oublis, qui deviennent plus grands, puis des phrases qu’il ne peut plus compléter, les choses et les gens qu’il ne peut plus nommer, le regard qui de plus en plus souvent devient absent… Que de pertes, de déchirures, de morts, de deuils… Où est-elle, la vie, dans cette série de morts successives? Qu’y a-t-il à espérer dans cette situation sans issue?

J’arrivais sur place, « chez lui », avec toute ma peine, toute ma peur, toute ma frustration, avec le sentiment que je ne pouvais plus rien recevoir de lui. Je ne pouvais que venir lui apporter un peu de réconfort, de présence. Au fond, quand j’y repense, j’étais comme les trois femmes parties de grand matin pour aller embaumer le corps de Jésus le dimanche après sa mort. Même peine, même désespoir, et aussi même désir de se rendre présente malgré tout, par les seuls gestes qui semblent encore possibles.

Et c’est là que ce jour de Noël a pris une couleur de Pâques! Non, la maladie de mon père ne s’était pas envolée comme par magie. Non, il n’y a pas eu de « miracle ». Et pourtant… Ce jour-là, devant mon père émerveillé de notre présence même s’il ne pouvait nous reconnaître (du moins selon nos schèmes à nous), j’ai senti qu’il  continuait d’exister, même si c’est autrement. Devant l’authenticité et la pureté de son visage accueillant l’amour qu’il sentait autour de lui, devant son sourire, ses quelques réactions à la musique, et même devant ses absences et ses tristesses, j’ai senti que la relation n’est pas coupée et qu’elle n’est pas non plus à sens unique. J’ai senti combien mon père m’apporte encore, pas seulement malgré sa maladie, mais dans sa maladie. Il me fait toucher à une relation d’un autre ordre. Il me l’offre, m’invite à y entrer. Et, dans ce sens, j’ai découvert qu’il était encore pour moi un père, celui qui me montre le chemin.

Ce jour-là, j’ai eu l’impression de toucher un peu à ce qu’est la résurrection. Non pas à une transformation magique qui vient effacer ou nier la mort, mais bien à une Vie Nouvelle qui jaillit après l’avoir traversée, cette mort. Celui que je cherchais n’était pas mort! C’est aussi la grande nouvelle qui a été annoncée aux femmes venues au tombeau le matin de Pâques.

Pour aller plus loin :

En ce temps de Pâques, je prends le temps de relire une expérience qui m’a permise de toucher à une Vie Nouvelle.
Quel élan cette Vie suscite-t-elle en moi aujourd’hui?


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